15/5/2025

Désadaptation à l'effort et cancer, de quoi parle-t-on ?

Découvrez comment surmonter la désadaptation à l'effort liée au cancer. Solutions concrètes, exercices et conseils pour retrouver vos capacités physiques.

Désadaptation à l'effort et cancer, de quoi parle-t-on ?

La désadaptation à l'effort représente une diminution progressive des capacités physiques qui touche de nombreuses personnes pendant et après un cancer. 

Ce phénomène, bien que fréquent, n'est pas une fatalité : il est possible de le prévenir avec un accompagnement adapté. Entre 25% et 100% des patients sont concernés par cette perte de capacités physiques, qui se manifeste principalement par une fatigue intense et une difficulté croissante à réaliser les activités quotidiennes. Amélie, directrice de la coordination de soins chez Jinko et infirmière vous explique tout cela en détail. 

Désadaptation à l'effort : un mécanisme complexe à comprendre

La désadaptation à l'effort se caractérise par une diminution des capacités cardio-respiratoires et musculaires. Concrètement, le cœur et les poumons deviennent moins efficaces pour oxygéner les muscles, tandis que ces derniers perdent en force et en endurance. 

Cette situation crée un véritable cercle vicieux : la fatigue liée aux traitements conduit à bouger moins, ce qui entraîne une perte musculaire, rendant l'effort encore plus difficile et fatigant.

Les causes sont multiples et s'additionnent. Le cancer lui-même peut provoquer une inflammation chronique qui affecte les muscles. Les traitements, notamment la chimiothérapie et la radiothérapie, peuvent entraîner une fatigue intense et une perte d'appétit, ce qui conduit à une diminution de la masse musculaire.

Une étude AFSOS montrent que 60% des patients réduisent significativement leur activité physique dès l'annonce du diagnostic, aggravant involontairement ce processus de désadaptation.

Désadaptation à l’effort : des répercussions concrètes dans la vie de tous les jours

Après un cancer, la désadaptation à l’effort peut se faire ressentir dans les gestes les plus simples : monter un escalier, porter ses courses, se pencher ou même tenir une conversation en marchant peuvent devenir de véritables défis.
Ces limitations physiques peuvent fragiliser la confiance en soi et peser sur le moral.

Sur le plan professionnel, les conséquences sont aussi importantes. La fatigue et la perte de certaines capacités physiques représentent des obstacles majeurs au retour à l’emploi.
L’Inserm indique d’ailleurs que 20% des personnes en âge de travailler ne retrouvent pas leur activité professionnelle cinq ans après le diagnostic. Cette réalité peut engendrer un sentiment d’isolement et fragiliser l’équilibre socio-économique.

Mais pas de panique : des solutions existent. Il est possible de prévenir cette désadaptation et de reconstruire sa vitalité pas à pas, grâce à des accompagnements adaptés, une activité physique progressive, et un soutien professionnel personnalisé. Vous n’avez pas à avancer seul·e.

Comment évaluer votre désadaptation à l'effort ?

Un entretien approfondi avec une équipe pluridisciplinaire : L'évaluation de la désadaptation à l'effort est réalisée par une équipe pluridisciplinaire, comprenant médecins, kinésithérapeutes et professionnels de l'activité physique adaptée. Cette évaluation commence par un entretien approfondi pour comprendre vos habitudes de vie, vos difficultés et vos objectifs. 

Un bilan physique avec des tests standardisés : Le bilan physique comprend plusieurs tests standardisés : mesure de la force musculaire avec des exercices simples, évaluation de l'endurance avec des tests de marche, analyse de l'équilibre et de la souplesse. 

Ces évaluations permettent d'établir un programme personnalisé de réentraînement. 

Depuis 2021, ce bilan est pris en partie en charge dans le cadre du parcours de soins global après cancer.

Des solutions concrètes pour retrouver vos capacités physiques

Prévenir la désadaptation avant les traitements : Il est essentiel de prendre en compte la prévention de la désadaptation physique dès l’annonce de la maladie, avant même le début des traitements. Une mise en mouvement précoce vous permet de mieux affronter les soins, tant sur le plan physique que psychologique et de limiter le risque d’apparition de cette désadaptation.

Des activités physiques légères et encadrées peuvent :

  • préserver vos capacités fonctionnelles ;
  • réduire l’impact des traitements sur votre corps ;
  • limiter votre perte de masse musculaire ;
  • améliorer la tolérance au traitement et donc son efficacité. 

En maintenant une routine d’activité, même modeste, vous préparez votre organisme à mieux tolérer les éventuels effets secondaires et vous favorisez une récupération plus rapide par la suite.

Reprendre une activité adaptée après les traitements : La reprise d'une activité physique adaptée constitue la principale solution pour combattre la désadaptation à l'effort. Les études scientifiques sont formelles : elle permet de réduire la fatigue de 36% en moyenne et améliore significativement la qualité de vie des patients. Elle permet également de prévenir la récidive.

Le réentraînement commence par des activités douces et progressives. Par exemple :

  • la marche à un rythme confortable, en augmentant progressivement la durée
  • des exercices de gymnastique douce, comme le yoga ou le tai-chi
  • des mouvements de mobilisation articulaire et d'étirement
  • des exercices de renforcement musculaire avec le poids du corps

L'intensité et la complexité des exercices sont ensuite adaptées en fonction des progrès. L'objectif est d'atteindre progressivement les recommandations actuelles :

  • Une activité physique régulière d'intensité modérée, au moins 5 jours par semaine.
  • Des séances de 30 minutes minimum, qui peuvent être fractionnées en périodes de 10 minutes.
  • Une combinaison d'exercices d'endurance, de renforcement musculaire et de souplesse.

Prenez confiance en vous, vous en êtes capable. Chaque petit pas compte, et c’est en avançant à votre rythme que vous regagnerez de l’énergie et du plaisir à bouger.

La désadaptation à l'effort peut sembler décourageante, mais il est important de retenir qu'elle n'est pas irréversible. Avec un accompagnement adapté et une reprise progressive de l'activité physique, vous pouvez retrouver vos capacités et votre confiance. La clé du succès réside dans une approche personnalisée et encadrée par des professionnels formés.

N'hésitez pas à en parler à votre équipe soignante, qui pourra vous orienter vers les professionnels et les structures qui correspondent à votre situation. Vous pouvez aussi contacter gratuitement Jinko pour réaliser un premier bilan gratuit avec notre infirmière.

Sources :