24/2/2025

L’hormonothérapie dans les cancers gynécologiques

Tout savoir sur l’hormonothérapie : comment fonctionne-t-elle et quels sont les différents types de traitements possibles ?

Une patiente de cancer gynécologique prend un comprimé pour son hormonothérapie

L’hormonothérapie est un traitement indiqué dans certains types de cancers dits “hormonaux dépendants” ou “hormonaux sensibles”, comme c’est le cas de nombreuses tumeurs gynécologiques qui touchent le sein, les ovaires ou l’endomètre (corps de l’utérus). Dans cet article, Laura, étudiante en médecine et rédactrice chez Jinko, vous fournit des informations concrètes pour mieux comprendre l’hormonothérapie, ses indications, ses bienfaits et ses effets indésirables ainsi qe comment mieux vivre cette période de traitement.

Qu’est-ce que l’hormonothérapie ?

Les hormones sont des substances chimiques produites naturellement par différentes glandes de l'organisme afin de coordonner les fonctions du corps humain. Les hormones féminines (œstrogènes et progestérone) sont sécrétées majoritairement par les ovaires, mais également en partie par les glandes surrénales situées au-dessus des reins.

Certaines tumeurs du sein, de l’endomètre (corps de l’utérus) ou de l’ovaire sont sensibles aux hormones. On parle alors de tumeurs hormonodépendantes ou hormonosensibles, ce qui signifie que les hormones féminines, produites naturellement par l'organisme, stimulent la croissance des cellules cancéreuses.

L’hormonothérapie est un traitement contre le cancer qui consiste à empêcher l’action stimulante des hormones sur les cellules cancéreuses qui en ont besoin pour se développer. Elle a pour objectif de réduire ou de supprimer l'action de certaines hormones dans le corps. Bien que son nom puisse porter à confusion, il s’agit bien d’un traitement antihormonal.

L’hormonothérapie peut être prescrite seule ou en complément des autres traitements contre le cancer comme la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie afin de réduire le risque de récidive du cancer.

Elle peut également être indiquée avant une chirurgie ou avant la radiothérapie afin de réduire la taille de la tumeur et la rendre plus facile à enlever ou à irradier.

On distingue deux types d'hormonothérapies :

  • Les traitements médicamenteux, qui agissent sur l'ensemble du corps et donc sur toutes les cellules du corps sensibles aux hormones.
  • Les traitements non médicamenteux, qui consistent à stopper la production d'œstrogènes par les ovaires, les seins ou l’endomètre en les retirant par une intervention chirurgicale (ovariectomie, mastectomie ou hystérectomie) ou en les irradiant (radiothérapie).

Quels sont les cancers gynécologiques pouvant être traités par hormonothérapie ?

Il s’agit d’un traitement indiqué uniquement lorsque les cellules cancéreuses contiennent les récepteurs aux hormones (œstrogènes ou progestérone) à leur surface, comme cela peut être le cas dans certaines situations de cancer du sein, de l’endomètre ou des ovaires.

Ces récepteurs sont systématiquement recherchés lors de l’analyse au microscope des cellules cancéreuses prélevées par biopsie ou sur pièce opératoire (c’est ce que l’on appelle l’examen anatomopathologique).

En France, une hormonothérapie est proposée si l’expression de l’un ou l’autre de ces récepteurs (œstrogène ou progestérone) est supérieur ou égal à 10%.

Comment l’hormonothérapie est-elle administrée ?

L’hormonothérapie est un traitement administré par voie orale, sous forme de comprimé, à prendre tous les jours à n’importe quel moment de la journée et à une heure régulière afin de limiter les oublis et ainsi maximiser son efficacité.

Il s’agit souvent d’un traitement à prendre au long cours, il est donc important que vous puissiez le prendre à un moment de la journée qui vous convient : par exemple, si le traitement altère la qualité de votre sommeil, n’hésitez pas à le prendre le matin !

Pour éviter les oublis, il est recommandé de la prendre en même temps que les autres médicaments que vous prenez déjà, de mettre une alarme sur votre téléphone ou de trouver un « rituel » pour ne pas l’oublier (par exemple, prendre le comprimé en même temps que le café du matin, ou après le brossage de dent…).

Il existe des risques d’interactions avec d’autres médicaments notamment avec certains antidépresseurs par exemple. Il est conseillé de toujours signaler à votre médecin la liste complète des traitements que vous prenez ou que vous envisagez de prendre, même ceux qui ne nécessitent pas d’ordonnance.

Comment fonctionne l’hormonothérapie ?

Il existe plusieurs types d’hormonothérapies avec des mécanismes d’action différents.

Le choix du traitement dépend essentiellement du fait de si vous êtes ménopausée ou non au moment d’initier l’hormonothérapie. La ménopause est un phénomène naturel qui correspond à l’arrêt de la synthèse d’oestrogènes par les ovaires. Le choix du traitement peut également tenir compte des facteurs pronostiques de votre maladie et des effets indésirables possibles.

Concernant l'hormonothérapie du cancer du sein, il existe trois types de traitements :

  • Des inhibiteurs de l’aromatase ou anti-aromatases (létrozole, anastrozole, exemestane), traitement de référence chez les patientes ménopausées, car ils bloquent la transformation des hormones fabriquées par les glandes surrénales en œstrogènes.
  • Des modulateurs sélectifs des récepteurs d'œstrogènes (le tamoxifène), qui agissent en prenant la place des hormones sur les récepteurs et qui bloquent ainsi leur action
  • Des injections d’analogues de LH-RH, réalisées chaque mois pour bloquer la sécrétion d’hormones par l’ovaire, créant ainsi une ménopause artificielle et réversible. Ils n’ont d’intérêt que chez la femme non ménopausée. Ils peuvent être utilisés en relais du tamoxifène ou parfois en association au tamoxifène ou aux antiaromatases.

Quelle est la durée du traitement par hormonothérapie ?

Dans les cancers localisés, l’hormonothérapie peut être proposée après la chirurgie. Elle est souvent prescrite pour une durée totale de 5 ans ou 10 ans en fonction des facteurs pronostiques de votre maladie et de votre tolérance du traitement.

L’hormonothérapie peut également être prescrite avant la chirurgie car elle permet dans ce cas, de réduire la taille de la tumeur afin de faciliter la chirurgie.

En présence de métastases, l’hormonothérapie a pour objectif de stabiliser la maladie et peut être prescrite sur le long terme et ce, tant que le traitement vous apporte des bénéfices supérieurs aux éventuels effets indésirables.

Quels sont les bienfaits de l'hormonothérapie ?

Les bénéfices de l’hormonothérapie sur le pronostic des cancers hormonodépendants sont clairement établis depuis de nombreuses années.

Elle permet de réduire les risques de récidive (rechute) plusieurs années plus tard (récidive locale) ou dans d’autres organes (récidive métastatique) et améliore ainsi considérablement le pronostic à long terme.

De plus, il s’agit d’un traitement ciblé et personnalisé, car il est prescrit uniquement aux personnes dont les tumeurs présentent des récepteurs hormonaux positifs. L’hormonothérapie s’inscrit donc dans une médecine dite “personnalisée” et de “précision”, qui vise à s’adapter le plus possible à vos caractéristiques personnelles et à vos besoins.

Si des métastases sont déjà présentes au moment du diagnostic, l’hormonothérapie permet de ralentir l’évolution de la maladie ou de la stabiliser en évitant son extension.

Ce traitement à également l'avantage de ne pas être un traitement définitif, comme la chirurgie ou la radiothérapie, et d’être peu invasif : il se prend par voie orale, à la maison, et a peu d’effets indésirables visibles comme cela peut être le cas de certaines chimiothérapies qui entraînent la perte des cheveux.

Quels sont les effets indésirables de l'hormonothérapie ?

L’hormonothérapie est un traitement souvent bien toléré !

Il est important de noter que ses effets indésirables sont variables d’une patiente à l’autre et d’un médicament à l’autre, et sont également variables dans le temps et le plus souvent réversibles à l’arrêt du médicament.

La plupart des effets secondaires de l’hormonothérapie sont liés au mode d’action du traitement et à leur effet anti-hormonal qui mime ou majore les signes d’une ménopause :

  • Prise de poids
  • Troubles du sommeil
  • Troubles de l’humeur : si cela vous arrive, n’hésitez pas à en parler à votre entourage et/ou à nos infirmières qui pourront vous accompagner au mieux. Un soutien psychologique est possible à toutes les étapes de la prise en charge de votre maladie.
  • Bouffées de chaleur : souvent redoutées dans le cadre de l'hormonothérapie des cancers du sein, les bouffées de chaleur sont rapportées dans moins de 45% des cas par les patientes ! Elles sont dues à une dissipation thermique rapide et très forte, conséquence de la vasodilatation des vaisseaux sanguins. Elles se manifestent donc par de la sueur et des rougeurs avec une prédominance nocturne, et peuvent nécessiter des adaptations du traitement (par exemple, fractionner les prises ou modifier l’horaire de prise) ou un traitement complémentaire (acupuncture, auriculothérapie, médicaments ne contenant pas d’oestrogènes…).
  • Arrêt des cycles menstruels
  • Douleurs articulaires, musculaires ou tendineuses : celles-ci surviennent principalement au réveil et peuvent être accompagnées d’une raideur articulaires. Ces douleurs débutent le plus souvent durant les premiers mois de traitement, peuvent s’atténuer en quelques semaines, voire quelques mois et cessent après l’arrêt du traitement.
  • Perte de densité osseuse (ostéoporose)
  • Troubles gynécologiques et de la sexualité : avec une sécheresse ****vaginale, pouvant entrainer des douleurs pendant les rapports sexuels et une baisse ****de ****la ****libido
  • Perturbations du bilan biologique : souvent minimes et qui ne nécessitent pas de surveillance systématique, telles qu’une dyslipidémie (augmentation du taux de cholestérol et/ou des triglycérides) ou une hyperglycémie (augmentation du taux de sucre dans le sang).

Le tamoxifène peut entraîner une légère augmentation du risque de thrombose veineuse (formation de caillot de sang dans les veines) ainsi que de cancer de l'endomètre dans certains cas. Ce risque est faible et concerne seulement 2 à 4% des patientes. En cas de long voyage ou d’alitement prolongé (opération chirurgicale, fracture récente…), pensez à porter des contentions veineuses et à vous mobiliser le plus tôt possible.

Enfin, le tamoxifène est contre-indiqué en cas de grossesse car il s’agit d’une substance tératogène (nocive pour le bon développement du fœtus). Si vous avez un projet de grossesse ou que vous pensez être enceinte, discutez-en avec l’équipe médicale qui vous prend en charge !

Si les effets indésirables que vous ressentez vous incitent à arrêter le traitement ou rendent sa prise quotidienne difficile, signalez-le à vos professionnels de santé car des alternatives sont très souvent possibles. Il est important de ne pas rester seul.e face à ces contraintes, alors n’hésitez pas à nous contacter pour être accompagné.e au mieux !

Comment bien vivre avec l'hormonothérapie ?

L’activité physique permet de diminuer de nombreux effets indésirables de l’hormonothérapie. Elle permet en effet de réduire la fatigue et ainsi d’améliorer votre qualité de vie, tout en vous aidant à lutter contre les douleurs articulaires et musculaires. L’activité physique permet également de préserver votre masse musculaire en améliorant votre force et votre endurance physique, et de limiter la perte de densité des os (ostéoporose).

Il existe des traitements non médicamenteux (acupuncture, auriculothérapie) ou médicamenteux non hormonaux efficaces qui aident à lutter contre les bouffées de chaleur.

Les douleurs articulaires et musculaires peuvent être prises en charge par des séances de kinésithérapie ou de physiothérapie, au cours desquelles les professionnels pourront vous recommander différents types d’exercices physiques ou des étirements pour vous soulager.

Conclusion

L’hormonothérapie constitue un traitement innovant contre de nombreux cancers gynécologiques. Le plus souvent peu invasive et bien tolérée au quotidien, elle permet de guérir ou de stabiliser la maladie, tout en préservant votre qualité de vie. Un accompagnement adapté pourra vous aider à mieux vivre ce traitement. Les infirmières Jinko sont là pour vous aider à réduire les séquelles du cancer grâce à un accompagnement psychologique, physique et social en soins de support (nutrition, activité physique, psychologie, etc.), contactez-les dès maintenant.

Sources :