12/12/2024

Comment l'alimentation peut vous aider à supporter l'hormonothérapie ?

L'alimentation joue un rôle clé pour gérer les effets secondaires de l'hormonothérapie. Découvrez comment améliorer votre quotidien avec Jinko.

Plaquettes de médicaments pour l'hormonothérapie

Traitements indispensables en cas de cancer hormono-dépendant comme pour certains cancers du sein ou pour le cancer de la prostate notamment, ces traitements sont souvent une source d’inquiétude à cause des effets secondaires possibles. Synonyme de bouffées de chaleur, de fatigue, de douleurs articulaires, de baisse de libido et autres effets désagréables au quotidien, ces traitements aux molécules bien que différentes, ont souvent des effets indésirables du même ordre. Alors c’est pénible et vous pouvez être tenté de tout arrêter parfois, mais saviez-vous que l’alimentation peut vous aider à améliorer certains de ces symptômes ? Marie-Noëlle, diététicienne chez Jinko, vous explique comment une alimentation adaptée peut vous aider à gérer les effets secondaires de l’hormonothérapie et améliorer votre qualité de vie. 

Quand commencent les effets secondaires de l'hormonothérapie ?

Certains cancers sont hormono-dépendants, c’est-à-dire que la tumeur possède des récepteurs spécifiques où les hormones se fixent pour croître. L’hormonothérapie a donc pour but d’empêcher le cancer de se développer en empêchant les cellules de produire des hormones ou en bloquant les hormones pour qu'elles ne puissent pas stimuler les cellules cancéreuses. 

L’hormonothérapie est généralement utilisée en complément des autres thérapies comme la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Selon le type de cancer, les molécules utilisées sont différentes : 

  • Les corticostéroïdes : utilisés pour traiter des cancers comme le lymphome, la leucémie et le myélome
  • Les hormones thyroïdiennes : pour les cancers de la thyroïde
  • Les analogues de la somatostatine : dans le cadre des tumeurs neuroendocrines
  • Les hormones sexuelles :
    • Androgènes : utilisés pour traiter le cancer du sein.
    • Anti-androgènes : utilisés pour traiter le cancer de la prostate.
    • Œstrogènes : traitent les cancers de la prostate métastatique et du sein métastatique.
    • Anti-œstrogènes : inhibiteurs et modulateurs des récepteurs œstrogéniques pour traiter les cancers du sein, de l’utérus et de l’ovaire.
    • Progestatifs : employés pour traiter les cancers du sein, de l'utérus et de la prostate.
    • Inhibiteurs de l’aromatase : traitent les cancers du sein et de l’ovaire chez les femmes ménopausées.
    • Analogues de la LHRH et antagonistes de la GnRH : traitent les cancers de la prostate et du sein.

Ces molécules, bien que très efficaces, peuvent entraîner des effets secondaires variables d'une personne à l'autre : les symptômes peuvent apparaître dès le début du traitement tout comme longtemps après. Cependant, il est possible de prévenir leurs apparitions ou de limiter leurs effets en adoptant certains comportements hygiéno-diététiques simples 

Comment se faire aider pour supporter l'hormonothérapie ?

La question des effets secondaires est donc centrale en cas de traitement par hormonothérapie et elle nécessite souvent une approche multidisciplinaire, incluant : 

  • Un suivi médical et paramédical régulier pour dépister et prendre en compte les effets secondaires. En effet, au-delà du médecin spécialisé prescripteur, il est possible de parler des symptômes ressentis avec son médecin généraliste, son infirmière ou sa coordinatrice Jinko ; ces professionnels pourront vous aider à trouver des solutions adaptées.
  • La pratique d’une activité physique régulière adaptée à votre condition, comme la marche ou le yoga, peut vous aider à réduire la fatigue et à améliorer votre humeur. 
  • Des techniques de relaxation, telles que la méditation ou la sophrologie, pour mieux gérer son stress et favoriser un sommeil réparateur.
  • Une alimentation équilibrée riche en fruits, légumes et protéines maigres afin de renforcer votre système immunitaire et de maintenir votre énergie. 

Marie-Noëlle, onco-diététicienne, vous explique comment adapter son alimentation peut faire une différence significative dans votre bien-être quotidien.

Quelles astuces diététiques soulagent les effets secondaires de l'hormonothérapie ?

Comment faire pour soulager les bouffées de chaleur ?

Souvent redoutées dans le cadre de l'hormonothérapie des cancers du sein, les bouffées de chaleur sont rapportées dans moins de 45% des cas par les patientes ! Elles sont dues à une dissipation thermique rapide et très forte, conséquence de la vasodilatation des vaisseaux sanguins. Elles se manifestent donc par de la sueur et des rougeurs avec une prédominance nocturne. 

Voici quelques astuces alimentaires pour ne pas les aggraver : 

  • Évitez les aliments vasodilatateurs en trop grande quantité : piments, poivre, cannelle, curcuma, gingembre, oignon, ail. A noter que certains aliments auront plus d’effets sur certaines personnes que sur d’autres, ne vous privez donc pas, ajustez en fonction de vos symptômes ; vous trouverez naturellement les aliments qui vous conviennent ou non.
  • Évitez certaines boissons vasodilatatrices : café, alcool, boissons énergisantes (type Red Bull®).
  • Hydratez-vous : Buvez 2L d’eau par jour pour compenser les pertes hydriques liées à la transpiration qui permettent à la température corporelle de diminuer.

Bon à savoir : La prise du traitement peut être décalée du soir au matin si les bouffées ont tendance à être déclenchées la nuit et vice et versa ; parlez-en à votre médecin !

Pourquoi je n’arrive pas à dormir alors que je suis fatiguée ?

Les insomnies et réveils nocturnes sont souvent multifactorielles : stress, sueurs nocturnes, fatigue nerveuse et non physique, etc… En modifiant les hormones circulantes, l’hormonothérapie peut également modifier le taux d’hormones favorables à l’endormissement ou d’hormones stimulantes.

Pour compenser cette moins bonne biodisponibilité, quelques adaptations nutritionnelles peuvent être intéressantes à mettre en place : 

  • Un dîner ni trop riche - tartiflette, alcool, pâtisserie - pour digérer facilement, ni trop frugal - une soupe et au lit ! - pour éviter les réveils nocturnes liés à la faim est recommandé. 
  • Dîner tôt - idéalement 2h avant le coucher - permet de laisser le temps à votre organisme de digérer avant d’aller dormir et ainsi éviter les lourdeurs, les remontées acides ou les bouffées de chaleur digestives. 
  • Ajoutez à vos repas des aliments riches en L-tryptophane et en tryptophane favorisant la sécrétion de mélatonine et sérotonine. Par exemple : les œufs, la volaille, le saumon, la banane, les noix, les amandes, les graines.
  • A titre d'exemple, un souper végétarien, mais non exempt de protéines, à base de légumineuses (lentilles, pois chiches) et de céréales complètes (riz, pâte) est favorable à la synthèse de mélatonine qui facilite l’endormissement.
  • Il est également possible de prévoir un en-cas plus tardif si besoin, si vous fractionnez vos repas à cause des nausées (traitements par analogues de la somatostatine par exemple). Dans ce cas, un verre de lait et quelques amandes (si vous n’avez pas de troubles digestifs) ou une banane (si vous souffrez de diarrhées) pourront permettre d’augmenter la sécrétion de mélatonine.

Il est également important de se rappeler qu’un dîner au calme et dans une ambiance agréable est souvent une première étape pour un coucher serein et que les autres facteurs d’insomnies ou de réveils nocturnes sont à prendre en compte, l’alimentation venant en renfort uniquement.

Comment lutter contre les montagnes russes émotionnelles ?

Le stress, la fatigue et les variations hormonales provoquent souvent des variations d’humeur. Cet état émotionnel peut être déstabilisant pour vous ou votre entourage. Si de nombreux facteurs sont à prendre en compte comme l’activité physique, vous pouvez également vous appuyer sur l'alimentation pour vous soutenir dans la stabilisation de ces aléas émotionnels : 

  • Les oméga-3, présents dans le saumon, les graines de chia et les graines de lin, jouent un rôle crucial dans le soutien de la santé cérébrale et émotionnelle. 
  • Le magnésium, que l'on trouve en abondance dans les épinards et les amandes, aide à calmer le système nerveux et à réduire le stress. Enfin, 
  • Les antioxydants, contenus dans les fruits rouges, les légumes verts et les noix, protègent les cellules contre le stress oxydatif, ce qui peut améliorer l’humeur et la stabilité émotionnelle. 

En intégrant ces aliments à votre régime quotidien, vous pouvez renforcer votre bien-être général. En effet, dans les paragraphes suivants, vous verrez comment ces éléments contribuent également à lutter contre les autres effets secondaires fréquents. 

Comment lutter contre les douleurs liées à l’hormonothérapie ?

Des douleurs apparaissent et un cercle vicieux peut se mettre en place : les douleurs rendent la pratique d’une activité physique plus difficile, la sédentarité s’accentue entretenant une majoration des douleurs articulaires et musculaires à la mobilisation.

Au-delà de la nécessité de pratiquer quotidiennement une activité physique, ajouter à vos repas certains aliments peut vous permettre de lutter contre l’inflammation articulaire, favoriser la calcification et préserver la masse musculaire :

  • Les antioxydants :
    • Vitamines A, B, C, E que l’on retrouve dans les fruits et légumes colorés (baies, légumes verts, carottes), persil, levure alimentaire, les poissons gras notamment ; 
    • Le zinc et le sélénium que l’on retrouve dans les œufs, les fruits de mer, les céréales complètes par exemple.
  • Les nutriments anti-inflammatoires (oméga 3) que l’on trouve dans les huiles de noix, de colza et de lin mais également dans certains poissons gras tels que hareng, sardines, saumon et maquereau.
  • Le calcium qui a un rôle dans la structure du squelette mais également pour la contraction musculaire ou la sécrétion de certaines hormones : consommer trois produits laitiers (yaourts, fromage) par jour prévient les risques de carences. Il est également possible de boire des eaux riches en calcium comme l’Hépar® notamment.
  • Les protéines pour maintenir la masse musculaire sont à ajouter à chaque repas : viandes blanches, poissons gras, œufs et légumineuses (lentilles, pois, fèves).

S’il est essentiel d’éviter le cercle vicieux - douleur, sédentarité, perte de masse musculaire, douleur- pour éviter une inadaptation à l’effort, il est également important de lutter contre la sédentarité pour éviter de diminuer ses besoins énergétiques pouvant entraîner une prise de poids, celle-ci pouvant majorer les douleurs également.

Comment éviter de prendre du poids sous traitement ?

Sous hormonothérapie, le corps peut subir un changement morphologique : le tissu graisseux à tendance à se stocker plus dans le ventre pour les traitements hormonaux gynécologiques par exemple ; d’autres, comme les corticostéroïdes, entraînent de la rétention d’eau qui fait “gonfler” ou déséquilibre le taux de sucre dans le sang. 

Outre l’activité physique, quelques principes diététiques facilement applicables devraient vous aider à éviter ou limiter la prise de poids : 

  • Adoptez une alimentation riche en fruits et légumes.
  • Limitez la consommation de sucres rapides : sucre de table (saccharose), le miel, les bonbons, les pâtisseries, les boissons sucrées (coca, jus de fruits, alcool).
  • Limitez la consommation de graisses saturées : viandes grasses comme le porc, l’agneau et le bœuf, les produits laitiers entiers, les produits transformés, la charcuterie.
  • Limitez la consommation de sel, facteur favorisant la rétention d’eau : charcuterie, chips, produits transformés.
  • Hydratez-vous : une hydratation adéquate est essentielle pour maintenir le fonctionnement optimal du corps et aider à éliminer les toxines. Contrairement à ce que vous pourriez penser : boire n’augmente pas la rétention d’eau !
  • Privilégiez des collations saines au grignotage : oléagineux, fruits, yaourt. Les en-cas sont à intégrer dans l’équilibre alimentaire de votre journée et sont même recommandés pour lutter contre les envies de grignotage.

N’hésitez pas à demander le soutien d’une diététicienne qui saura vous aider à adapter votre alimentation sans privations ! 

Comment limiter le mauvais cholestérol (ou LDL) ?

La prise de poids peut favoriser une hausse des lipides circulant dans le sang et notamment du cholestérol. Mais il est également possible d’avoir du cholestérol sans être en surpoids. Le LDL est associé à une augmentation du risque des maladies cardiaques mais a également un impact négatif sur certains cancers, comme celui du sein : majorant les risques ou diminuant l’efficacité des traitements hormonaux.

Certains aliments peuvent vous aider à maintenir un taux de cholestérol satisfaisant : 

  • Les fibres comme l'avoine, les fruits et les légumes, 
  • Les graisses insaturées appelées oméga 3 présentes dans les oléagineux, l’huile de colza ou de lin et les poissons gras, sont recommandées car elles favorisent la baisse du taux de cholestérol circulant.

Enfin, en cas d’hypercholestérolémie, limiter les graisses saturées et trans (beurre, crème, charcuterie, viande rouge) peut aider à diminuer le cholestérol.

Comment adapter son alimentation à l’hormonothérapie de façon simple ?

De nombreux éléments nutritionnels cités dans cet article font partie intégrante de l’équilibre nutritionnel. Réaliser des repas équilibrés apportent tout ce dont le corps a besoin :

Exemple de plat équilibré : 

  • saumon en papillote, riz basmati et poêlée de légumes vert
  • filet mignon, tomates et tagliatelles

Consulter une diététicienne peut vous permettre de retrouver les bons réflexes nutritionnels et d’adopter des habitudes alimentaires qui seront soutenantes par rapport à vos traitements.

Conclusion

La question des effets secondaires de l'hormonothérapie nécessite une approche multidisciplinaire dans laquelle l’alimentation a son rôle. Une alimentation équilibrée peut faire une différence significative sur votre bien-être quotidien et vous permettre de tenir le coup. N’hésitez pas à en parler avec vos professionnels de santé ou à réaliser un bilan gratuit une infirmière Jinko, vous pourrez découvrir les soins de support et les stratégies nutritionnelles les mieux adaptées à votre situation. N'oubliez pas que vous n'êtes pas seul et que de nombreuses ressources sont disponibles pour vous soutenir : courage !

Sources 

L'alimentation peut vous aider à mieux supporter les effets secondaires de l’hormonothérapie. En suivant les conseils de Marie-Noëlle et en utilisant les ressources de Jinko, chaque patient peut trouver le soutien nécessaire pour traverser cette période difficile avec plus de confort et de sérénité.