25/9/2025

Pourquoi est-il difficile de dormir quand on a un cancer ?

Découvrez les causes des troubles du sommeil pendant le cancer et les solutions concrètes pour retrouver des nuits réparatrices pendant les traitements.

Pourquoi est-il difficile de dormir quand on a un cancer ?

Selon une étude de la Fondation ARC, près de 70% des personnes atteintes de cancer souffrent de troubles du sommeil pendant leur parcours de soins. Ces nuits agitées ne sont pas anodines : elles accentuent la fatigue, fragilisent le moral et peuvent compliquer la récupération.

Dans cet article, Sophie, infirmière de coordination et praticienne en EMDR chez Jinko, partage son expérience auprès des patient·es. Elle nous aide à comprendre pourquoi le sommeil est si souvent perturbé pendant un cancer et propose des solutions pour améliorer la qualité du sommeil et favoriser un meilleur repos.

Comment se manifestent les troubles du sommeil pendant un cancer ? 

Insomnie et cancer : L'insomnie est l’un des nombreux effets secondaires des traitements contre le cancer. Elle se manifeste de différentes manières chez les patients. Certains éprouvent des difficultés majeures à s'endormir et restent éveillés pendant des heures malgré la fatigue physique. 

D'autres connaissent des réveils nocturnes fréquents, parfois accompagnés de longues périodes d'éveil au milieu de la nuit. Le réveil précoce, bien avant l'heure souhaitée, constitue également une forme courante de perturbation du sommeil. 

Dans de nombreux cas, même après une nuit complète, le sommeil n'est pas réparateur, la sensation de fatigue persiste au réveil.

Manque de sommeil : quelles conséquences sur le quotidien ? : Les conséquences des troubles du sommeil dépassent largement la simple fatigue, surtout chez les patients atteints d’un cancer. Le manque de sommeil chronique peut affecter significativement le système immunitaire, rendant votre organisme plus vulnérable pendant les traitements. 

La capacité de concentration diminue, ce qui peut compliquer la gestion de vos activités quotidiennes et la communication avec l'équipe soignante. L'humeur s'en trouve également affectée, avec un risque accru de développer des symptômes dépressifs. La fatigue intense qui en résulte peut même conduire certains patients à réduire leurs activités sociales et conduire à un isolement progressif. 

Comment expliquer les troubles du sommeil pendant le cancer ? 

Les traitements : un facteur important dans la perturbation du sommeil : Plusieurs facteurs expliquent pourquoi le sommeil est perturbé pendant le parcours de soins, mais les traitements anticancéreux jouent un rôle majeur.

  • La chimiothérapie peut provoquer des nausées nocturnes et des douleurs, rendant l’endormissement difficile
  • Les corticoïdes, souvent prescrits en association avec les traitements, ont un effet stimulant qui peut maintenir éveillé·e tard le soir.
  • L’hormonothérapie entraîne fréquemment des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes, responsables de réveils multiples.

Ces effets maintiennent l’organisme en état de vigilance et empêchent le cerveau d’entrer dans les phases de sommeil profond. 

Ce qui peut aider : En parler avec votre équipe soignante peut faire une réelle différence : ajuster l’horaire de certains médicaments ou traiter les nausées et bouffées de chaleur peut réduire les réveils et favoriser un sommeil plus continu.

La douleur : un obstacle majeur au repos : La douleur représente l'un des facteurs majeurs perturbant le sommeil. Qu'elle soit directement liée à la maladie ou qu'elle résulte des effets secondaires des traitements, la douleur peut considérablement affecter la qualité de votre repos. 

Ce qui peut aider : Un traitement antalgique bien adapté ou quelques aménagements simples (positions confortables, coussins de soutien) peuvent soulager la douleur nocturne. Retrouver un sommeil plus profond aide aussi votre corps à mieux gérer la douleur le lendemain et à retrouver de l’énergie.

Les changements hormonaux et les inconforts physiques : Les changements hormonaux induits par certains traitements peuvent également perturber votre rythme circadien, ce cycle biologique qui régule vos périodes de sommeil et d'éveil. Les modifications corporelles et les inconforts physiques, comme les difficultés respiratoires ou les problèmes digestifs, sont autant d’obstacles à un sommeil serein.

Ce qui peut aider : Créer une routine du soir apaisante et régulière aide le corps à retrouver un rythme naturel. Aller au lit et se lever à heures fixes, même le week-end, envoie un signal au cerveau qu’il est temps de dormir. Aménager la chambre (fraîche, sombre et calme) renforce ce signal et favorise l’endormissement.

L’anxiété et le stress : un cerveau en hyperactivité : L’aspect psychologique joue un rôle crucial dans les difficultés de sommeil. L’anxiété liée au diagnostic, aux traitements et à l’incertitude face à l’avenir peut générer un état de tension permanent qui complique l’endormissement, c’est d’ailleurs ce que rapportent de nombreux patient·es.

Les préoccupations concernant la famille, le travail ou les aspects financiers envahissent souvent l’esprit le soir, lorsque le calme de la nuit laisse plus de place aux pensées. Cette anxiété peut déclencher un cercle vicieux : la peur de ne pas dormir devient elle-même une source d’insomnie.

Ce qui peut aider : Les techniques de relaxation (sophrologie, respiration profonde, méditation de pleine conscience) ont prouvé leur efficacité pour réduire l’anxiété et préparer le corps au repos. La relaxation musculaire progressive, qui consiste à détendre chaque partie du corps, est particulièrement utile pour trouver le sommeil.

Le manque d’activité physique : quand la “fausse fatigue” empêche de dormir : Pendant les traitements, il est fréquent de bouger moins. Cela entraîne un manque de fatigue saine, celle qui prépare naturellement votre corps à s’endormir, et laisse place à une fatigue psychologique liée au stress. Résultat : vous vous sentez épuisé·e mais votre corps n’est pas prêt à dormir.

À retenir :

  • Fatigue saine : générée par l’activité physique, elle favorise un sommeil profond et réparateur.
  • Fatigue psychologique : issue du stress et de l’inactivité, elle entretient l’insomnie.

Ce qui peut aider : L'activité physique adaptée joue un rôle fondamental dans la régulation du sommeil. Vous pouvez rejoindre des groupes et des cours pour pratiquer une activité douce, comme la marche ou le yoga, afin de retrouver cette fatigue bénéfique et de réguler les hormones du stress.

Il est conseillé de privilégier ces moments d’activité le matin ou l’après-midi pour ne pas stimuler le corps juste avant le coucher.

Troubles du sommeil et cancer : quel accompagnement ? : La prise en charge des troubles du sommeil doit s'intégrer dans une approche globale des soins de support. Les équipes soignantes peuvent vous proposer différentes solutions, allant des conseils pratiques aux traitements médicamenteux temporaires, lorsque cela s'avère nécessaire. 

Des professionnels spécialisés, comme les psychologues, les sophrologues ou les spécialistes du sommeil, peuvent vous apporter leur expertise pour développer des stratégies personnalisées d'amélioration du sommeil.

Les troubles du sommeil font partie des difficultés les plus courantes pendant un cancer, et il est normal qu’ils pèsent sur votre énergie et votre moral. Entre le stress, les traitements et les douleurs associées, il est difficile de trouver son rythme.

L'important est de ne pas rester seul·e face à ces difficultés et d'en parler ouvertement avec votre équipe soignante pour mettre en place les solutions les plus appropriées à votre situation. Si vous avez besoin d’un accompagnement, n’hésitez pas à contacter gratuitement Jinko pour un premier bilan avec une infirmière. 

Sources :